dimanche, février 26, 2006

Marzouki, Hachad, Ghelloul et les autres ...

A chaque fois que je rencontre ou que je parle à un ex détenu de Tazmamart, je me demande comment fait-il pour dormir, vivre, rigoler, griller une clope sur la terrasse d'un café, s'offrir des vacanes, etc. Au bout de plusieurs rencontres, j'ai enfin compris. Ces hommes vivent pour ramener leurs enfants et petits enfants voir les cellules où ils ont été enterré pendant 20 ans. Leur raconter fièrement, dans une cellule obscure qui fait deux mètres carrés, comment ils ont remporté leur combat face à la mort. Leur prouver que ce qui a meublé de longues soirées de familles n'est pas qu'une légende. Respirer à plein poumonts de l'air frais en sortant, serrer leurs enfants, pousser un grand soupir, rigoler un bon coup et se dire que c'est du passé. Aujourd'hui que le roi a ordonné de raser les cellules, ils les condamnent une nouvelle fois à l'oubli, les prive de la seule compensation qui ait de la valeur à leurs yeux. Valeureux hommes, toutes ma compassion.

Comme promis, le lien de l'interrogatoire d'Ahmed Marzouki, ex détenu à Tazmamart.
http://www.telquel-online.com/214/interrogatoire_214.shtml

DB.

jeudi, février 23, 2006

Tazmamart, c'est fini !

Je viens de raccrocher au téléphone avec Ahmed Marzouki (Tazmamart, cellule 10). Il m'a confirmé ce que j'écrivais sur ce blog il y a quelques semaines. Ils ont rasé Tazmamart. Ils ont détruit les cellules et confisqué la mémoire. Notre mémoire à tous. De quel droit ? La rage !
J'interviewe Marzouki pour Telquel de la semaine prochaine. Je mettrai le texte, sincère, en ligne dès que possible. En attendant, je republie mon post de décembre.

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Selon le quotidien Assabah, "Mohammed VI aurait donné ses ordres pour que l'armée quitte le site de Tazmamart et que le cimetière du bagne soit ouvert aux familles".J'ai été à Tazmamart, il y a moins de deux ans. Deux anciens bagnards et deux de leurs geoliers m'y accompagnaient. Tout au long du trajet, je me disais que "Tazmamart n'existait pas". J'avais cette étrange certitude qu'une fois aux portes de Rich (la ville la plus proche du bagne), mes compagnons m'avoueraient enfin que Tazmamart n'est qu'une légende.Puis au détour d'un dernier virage, Tazmamart était là. En face de moi. Presque majestueuse, nichée au creu d'une montagne noire. C'est ici que Marzouki, Hachad, Ghelloul et les autres ont passé 18 ans de leur "vie". Ce sont donc ces murs qui ont tenu tête à la lumière pendant 18 longues années.J'ai à peine sorti mon appareil photo, des militaires armés avaient déjà encerclé ma voiture. Nous avons ensuite été conduits au poste de Rich et accusés "d'espionnage d'une installation militaire". Sans suite, grâce à quelques coups de fils nocturnes.Aujourd'hui, si l'information se précise, je pourrai revenir à Tazmamart. Mais aurai-je accès aux cellules ? A ces deux étroits couloirs de la mort ? Lirai-je des textes à la mémoire des disparus ? Rien n'est moins sur. Selon l'info d'Assabah, "le roi aurait également ordonné la destruction des cellules". Dommage. Je voyais déjà des files d'écoliers payer leur tickets pour accéder au bagne devenu lieu de mémoire public. Auchwitz a été un centre de concentration nazi. Les européens ne l'ont pas détruit pour autant.

DB.

Halal fried chiken*

Deux perles piochées de bon matin d'une longue journée de bouclage. Les deux dans Aujourd'hui le Maroc (ou autre chose).

En une, une photo de Driss Jettou devant un gros tabsil de poulet. Pour rassurer par rapport à la grippe aviaire, le premier ministre a ramené son gouvernement déjeuner non loin de Kénitra, dans une ferme de volailles. Habituellement, les menus officiels comportent nécessairement deux plats à base de viande blanche et rouge. L'information ne dit pas si les ministres récalcitrants au poulet ont pu se rassasier en viande de beouf ou ont-ils jetté leur dévolu sur le dessert ? Le comble, ça aurait été qu'un de nos ministres choppe une intoxication alimentaire. On aurait bien rigolé. Sinon, je trouve cette mesure assez folklorique pour une menace quand même sérieuse. Déjà que les marocains sont le peuple auquel rien ne peut arriver, ce trop rassurant est inquiétant. En plus, déjà que nos ministres ne sont pas si télégéniques que ça, les voir, en plans serrés, dévorer de la pauvre volaille .... Sinon, il est marrant Jettou wallah. J'adore ce type. Le fils d'épicier a gardé beaucoup de la simplicité et l'humeur grinçant de l'hanouta.

Deuxième info, dans le dossier automobile de ALM. Ceux qui ne ratent pas le 20h de la RTM (moi et un pelé, cherchons tondu) ont tous remarqué le Hummer Limousine dans lequel se pavanait M6 en Gambie. Long comme une file de SDF, ce machin doit couter quelque chose comme le PIB de trois pays d'Afrique de l'ouest réunis. ALM donc a consacré un article au Hummer limousine avec ce titre : "le véhicule des puissants". Dans l'article, on dit que le sacré bolide est "une réelle interprétation de la démesure automobile poussée à son paroxysme". Je suis parfaitement d'accord mais venant de ALM, allez comprendre quelque chose ! Et vous savez comment il conclue mon journal makhzénien préféré ? "Rien n'est assez exessif pour frimer ...". Le monde à l'envers !

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* le nom d'une chaîne de restos de poulets halal que j'ai fréquenté régulièrement durant un séjour à Londres.

DB.

lundi, février 20, 2006

Goog morning Africa !

Information glanée de bon matin sur le fil de la MAP : La Gambie a déclaré aujourd'hui lundi jour férié à l'occasion de la visite de Mohammed VI dans le pays. No comment !

DB.

dimanche, février 19, 2006

Le Journal, la mise à mort ?

En avant première pour ceux qui doivent attendre une semaine pour le lire sur Internet. Mon article Telquel sur l'affaire "Le Journal".

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Le Journal, la mise à mort ?

3,2 millions de dirhams d'amende, des manifestations outrageusement manipulées par l'administration locale… De toute évidence, le pouvoir cherche à en finir avec le Journal hebdomadaire. Démonstration.

Le verdict est tombé peu après midi, ce jeudi 16 février. Aboubakr Jamaï et Fahd Iraqi, respectivement directeur de la publication et journaliste au Journal Hebdomadaire sont condamnés par le tribunal de première instance de Rabat à une amende totale de 3 200 000 DH - un record inégalé en matière de délits de presse. Objet de la plainte ? La mise en cause par le journal de l'objectivité d'une étude sur le Polisario publiée par un centre d'études européen, présentée comme “une étude commandée par Rabat”. Le verdict, attendu depuis une semaine déjà, n'a étonné personne. Me Abderrahim Jamaï, avocat du Journal, estime que “c'est un jugement qui faire rire et qui met fin à tout espoir en la justice marocaine”. Quelques semaines auparavant, le même Jamaï, ainsi que son confrère Abderrahim Berrada, se sont retirés du procès après que le juge a indûment refusé les témoignages à décharge de deux spécialistes étrangers du dossier du Sahara. “Dans les délits de presse, le juge n'a pas à accepter ou refuser des témoignages servant comme preuves de la défense. A ce moment, on a compris que tout était déjà scellé”, estime Jamaï. Mohamed Ziane, avocat du plaignant, l'a même scandé au beau milieu du tribunal : “c'est un procès politique dont l'objet est de juger la ligne éditoriale qui a permis au Journal Hebdomadaire de publier le dossier objet de la plainte”. Sans complexe, Me Ziane avoue “faire de la politique, y compris sur cette affaire”. Pour Ali Amar, directeur général du Journal, pas de doute : “cette condamnation ne sert pas à réparer une diffamation. Il s'agit bien d'une mise à mort programmée d'un titre de presse indépendant”. “Une mise à mort, ajoute Amar, à laquelle l'opinion publique a été préparée durant toute la semaine”.

Une erreur surexploitée
Amar fait allusion aux manifestations qui ont eu lieu à Rabat et à Casablanca contre “la publication par le Journal Hebdomadaire des caricatures danoises du prophète”. Première information, et première confusion. En fait, dans sa livraison du 11 février, le Journal a publié une photo de taille réduite montrant un lecteur, tenant entre ses mains la double page sur laquelle France Soir avait publié les douze caricatures, objet de la controverse mondiale que l'on sait. Vendredi matin, alors qu'une bonne partie du magazine est déjà imprimée, les responsables du Journal décident de masquer au feutre indélébile les caricatures, même minuscules, figurant sur la photo. “Evidemment, nous avons sérieusement envisagé de réimprimer le magazine, explique Aboubakr Jamaï, directeur de la publication, mais l'information concernant la publication des caricatures avait déjà filtré. Réimprimer aurait cautionné cette thèse. Raturer les caricatures revenait donc à anticiper toute tentative de récupération ou d'instrumentalisation des dessins”. Le raturage à l'encre se fait donc à la main, chez l'imprimeur. Une bonne partie des vingt cinq mille exemplaires imprimés est passée au feutre… mais une quantité inconnue d'exemplaires est tout de même mise en vente, sans ratures. Ces exemplaires-là n'attirent pas l'attention pour autant. Normal, les dessins, objets du litige, mesurent moins de trois millimètres chacun. Le week-end se passe sans histoires. Pas même un courrier de dénonciation d'un lecteur mécontent. Puis subitement, dans l'après-midi de lundi, une manifestation se tient devant le siège du parlement. Les manifestants appellent au “respect des sacralités”, demandent au parlement de se saisir de l'affaire, etc. Les meneurs ? Principalement, des représentants d'un vague parti écolo et les membres d'une association de commerçants. La manif qui a duré quelques dizaines de minutes est couverte par 2M qui programme le sujet pour ses éditions du soir. Le ton du reportage n'est pas du tout amical, les responsables du Journal crient à “l'incitation au meurtre et à la haine”. “Dans le contexte actuel, développe Aboubakr Jamaï, jouer la carte de la confusion et de l'amalgame revient à désigner l'équipe du Journal à la vindicte populaire”. Clairement, Jamaï reproche à 2M “un commentaire agressif, flou et partiel” qui pouvait laisser entendre au grand public que le Journal “défiait les valeurs sacrées” en publiant les caricatures. Riposte de Samira Sitaïl, directrice de l'information à 2M : “ça ne suscite aucun commentaire de ma part, si ce n'est qu'une fois de plus, les actionnaires de cette publication se trompent volontairement d'adversaires. Il y a les bonnes et les mauvaises batailles. Celle-là est pathétique”.

Des manifs manipulées
La journée du lendemain réserve son lot de surprises. A 8h 20, Aboubakr Jamaï découvre que le siège du Journal est encerclé d'éléments des GUS, déplacés en prévision d'une manifestation. Celle-ci ne tarde pas à démarrer en bas de la rédaction, sur l'avenue des FAR. “Je suis descendu avec l'intention d'inviter ces gens à débattre avec l'équipe du Journal, mais je me suis retrouvé face à des manifestants d'un genre particulier”, affirme Jamaï. En effet, les islamistes, manifestants “attendus” vu le sujet, ne sont pas de la partie. Mieux : les manifestants sont arrivés à bords de véhicules estampillés du fameux “J rouge” des communes urbaines (au moins deux ont été pris en photo). Etrange… Que font des véhicules communaux dans une manifestation “spontanée et citoyenne” ? Nous avons contacté des responsables à la Wilaya de Casablanca et à la préfecture de Casa-Anfa, mais aucun n'a voulu répondre à nos questions.

Et qui sont ces manifestants pour lesquels les communes de Casablanca affrètent des véhicules officiels ? Selon une dépêche de la MAP, il s'agit “d'organisations politiques, syndicales, professionnelles, de jeunes, des élus ainsi que des associations de la société civile”. Dans la dépêche pourtant, la parole est donnée à des responsables d'associations de quartier, peu ou pas du tout connues des grands acteurs associatifs de la ville, et présentées par ces derniers comme “officieusement affiliées à quelques élus des arrondissements de Casa”. Et les syndicats ? Et les politiques ? La dépêche cite un seul et unique responsable de la jeunesse istiqlalienne. “Faux, insiste Abdallah Bakkali, Secrétaire général de l'organisation. Nous n'avons aucune relation avec ce genre de manifestations”. Après quelques minutes de bruit et de fureur, les manifestants font la prière face au siège du Journal, puis se dispersent calmement. Ils se donnent rendez-vous pour le lendemain, devant l'imprimerie du journal.

Mercredi, le périmètre autour de l'imprimerie, sise boulevard Youssef Ben Tachfine, est bouclé peu avant 16 heures. Les manifestants affluent des ruelles avoisinantes, par petits groupes. Dans le lot, beaucoup de femmes au foyer, de lycéennes en tablier, de jeunes garçons et beaucoup de vieux… Ils viennent tous de la périphérie de Casa, certains même de Mohammédia et de Tit Mellil.

Très vite, ils déploient leurs banderoles, brandissent leurs mégaphones et appellent au “boycott de la presse irrespectueuse des sacralités du pays”. Un jeune ira même jusqu'à crier : “que cette maudite imprimerie brûle dans les flammes de l'enfer” !! Les manifestants ? Toujours les mêmes. Des membres d'associations de quartier pour la plupart inconnues : “Najm Al Hay”, “Soukkane Lisasfa”, “Chabab Sidi Othmane”, etc. Le tout, encadré par plusieurs fonctionnaires des arrondissements. Encore quelques slogans et la manifestation se termine. Les mêmes fonctionnaires des arrondissements font alors le tour des manifestants. “Que chacun rejoigne son groupe !”, hurlent-ils. Docilement, des groupes se forment et suivent les meneurs en costume-cravate. Quelques ruelles plus loin, des autobus d'une compagnie privée sont stationnés à l'abri des regards. Selon un fonctionnaire de la préfecture de Mohammedia que nous avons interrogés, “les bus ont été mobilisés par la préfecture”, et sont censés reconduire gratuitement les manifestants chez eux, tout comme ils les avaient conduits au lieu de la manif. Au moins neuf bus, nous l'avons constaté de visu, se sont mis en route peu après en direction de Mohammedia, Tit Mellil, Hay Moulay Rchid, Lissasfa, Sidi Moumen, Bernoussi et Lhraouiyine. Assis à l'arrière des bus, les jeunes rentrent en chantonnant dans leurs quartiers. Comme à la sortie d'un match. Sauf qu'au lieu de “Dima Dima Raja”, ils hurlent “Khaybar khaybar ya yahoud, jaych Mohammed sa yaôud” (tremblez, ô juifs, l'armée de Mohammed est de retour)...

DB.

jeudi, février 16, 2006

Urgent !

L'information en temps réel : Le Journal a été condamné, en première instance, à 3 millions de Dirhams de dommages et intérêts, 100.000 Dhs d'amende et obligation de publication du jugement dans trois journaux, dont Le Journal, deux semaines de suite.
Qu'est ce qu'il est petit cet "Etat" !

DB.

mercredi, février 15, 2006

"Le Journal" update

Je reviens tout juste de devant Idéale, l'imprimeur de Telquel et du Journal. Une nouvelle manifestation se tenait à l'entrée de l'imprimerie. Cette fois, j'ai tout vu de mes yeux. Et croyez-moi, j'ai honte de la bassesse de nos responsables. Je fais une enquête sur cette affaire cette semaine à Telquel, je vous tiens au courant dès que possible. Au fait, le verdict contre le Journal sera prononcé demain à 9 heures à Rabat. Préparez-vous à de bien réjouissantes nouvelles.

DB.

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Casablanca, le 14 février 2006

COMMUNIQUE « LE JOURNAL HEBDOMADAIRE »
Quand l’Etat Marocain appelle à la haine pour faire taire un journal indépendant

Dans son édition du 11/2/2006 (n°242), « Le Journal Hebdomadaire », a publié une photographie de l’AFP (7cmx4cm) montrant un lecteur de « France Soir » tenant à la main l’édition reproduisant les 12 caricatures danoises. Cette photographie a servi d’illustration à la chronologie des événements dans le cadre d’un grand dossier de 10 pages titré « Le Prophète Mohammed : le symbole, les passions » dans lequel la parole est donnée à d’éminents spécialistes de l’Islam politique et de l’imagerie religieuse (Jean François Clément, Bruno Etienne, Olivier Roy, Youssef Seddik etc…). Malgré le fait que les caricatures figurant sur cette image réduite étaient quasiment illisibles à l’œil nu (chaque dessin ne mesurant pas plus de 3mm de côtés), la direction du « Journal Hebdomadaire » a décidé après impression du magazine et dans un souci d’éviter toute tentative d’instrumentalisation et de récupération du « Journal Hebdomadaire » de faire oblitérer à l’encre indélébile la reproduction des caricatures avant la diffusion du magazine dans les kiosques.

Le 13/2/2006, les chaînes de télévision 2M et TVM (publiques) ont diffusé lors de leurs JT du soir un reportage sur une "manifestation" devant le Parlement à Rabat contre "la publication par « Le Journal Hebdomadaire » de caricatures du prophète". Les "manifestants" qui scandaient des slogans hostiles au « Journal Hebdomadaire », tous filmés en plan serré, n'ont pas été identifiés dans le reportage alors qu’aucune ONG, aucun parti, association, membres connus de la société civile etc... n'ont officiellement appelé à la "manifestation". Les deux chaînes de télévision n’ont à aucun moment sollicité « Le Journal Hebdomadaire » pour recueillir sa version des faits ou sa réaction alors que nous venions d’être jugés et condamnés par ces télévisions d’Etat pour crime de blasphème.

Le commentateur de 2M qui a abondamment cité « Le Journal Hebdomadaire » a notamment déclaré (en substance) que « ce journal est connu pour heurter l'opinion publique par ses positions contraires aux valeurs sacrées de notre pays ». Il a aussi affirmé que « Le Journal a tenté de faire annuler la manifestation », alors qu’aucun journaliste de la rédaction n’était au fait de la « tenue » d’un tel événement.

Nous considérons» qu'il s'agit d'une incitation à la haine ayant pour objectif de désinformer l'opinion publique et de jeter « Le Journal Hebdomadaire » en pâture à la vindicte populaire dans un contexte particulièrement explosif. De son côté et dans la même veine, le quotidien panarabe basé à Londres « Acharq Al Awsat » a publié dans son édition du 13/2/2006 (n°9939) un article sous le titre « Un magazine marocain insiste à publier des images intentatoires à l’Islam ». Cet article accuse aussi « Le Journal Hebdomadaire » de heurter les valeurs sacrées des marocains.

Le 14/2/2006, des éléments des GUS (police urbaine) et de la Police Nationale ont établi vers 9h du matin un cordon de sécurité face à l’entrée de l’immeuble qui abrite les locaux du « Journal Hebdomadaire » à Casablanca. Interrogés à ce sujet, les agents de la police nous ont déclaré que ce dispositif était mis en place en prévision d’une manifestation devant se dérouler le matin « à cause de la publication par « Le Journal Hebdomadaire » des caricatures du Prophète ».

Vers 10h du matin, plusieurs véhicules de la Commune Urbaine de Casablanca, sous tutelle du Ministère de l’Intérieur, (dont un Van de marque Hyundai immatriculé 131723 j) ont acheminé une centaine de personnes, hommes, femmes et enfants à qui on a distribué pancartes, drapeaux du Maroc et banderoles pour manifester. Ces personnes étaient encadrées par des agents d’autorité de la Préfecture et de la Commune de Casablanca. Les meneurs (dont la plupart sont des fonctionnaires de la Ville de Casablanca, munis de mégaphones ont harangué la foule scandant des slogans antisémites et extrémistes tels que « Tremblez, ô Juifs ! l’armée de Mohammed est de retour ! » ou encore « Par notre âme, par le sang, nous te vengerons ô Prophète ! ». Un véritable appel au meurtre et à la haine raciale.

Interrogé en aparté par des journalistes, un jeune meneur badgé a déclaré : « Je suis un militant associatif, la Commune nous a demandé de nous rendre ici pour manifester contre les mécréants qui ont sali l’image du Prophète ».

Plusieurs jeunes écoliers ont avoué aux journalistes présents avoir été « mobilisés au motif de manifester leur colère aux Danois ». L’un deux a déclaré : « on nous a dit qu’il s’agissait d’une représentation diplomatique danoise ».

Une vieille femme a déclaré : « La Commune nous a emmenés ici comme d’habitude parce qu’elle nous rétribue pour ce genre d’action. J’avoue ne pas savoir de quoi il s’agit au juste ».

D’autres manifestants, employés de la Commune, chargés de travaux d’entretien communaux, ont manifesté en bleu de travail.

Deux équipes de la télévision marocaine (TVM et 2M) ont été dépêchées sur les lieux de la manifestation. Une journaliste de 2M a tenté, avec l’aide de quelques manifestants, de faire lire face à la caméra, à une enfant âgée de moins d’une dizaine d’années, un « communiqué » aux relents haineux (les images de cette scène sont disponibles).

Cette équipe de télévision de 2M a ensuite exprimé le souhait d’interviewer Aboubakr Jamaï, le directeur de la publication du « Journal Hebdomadaire ». Considérant le comportement inacceptable de 2M dans cette affaire, « Le Journal Hebdomadaire » a posé comme condition de filmer l’entretien par ses propres moyens afin de prévenir toute manipulation ou déformation au montage des propos du directeur du « Journal Hebdomadaire » lors de leur diffusion à l’antenne. Après avoir consulté au téléphone la direction de la chaîne, l’équipe de télévision de 2M a finalement reçu l’ordre de ne pas mener l’interview.

Après deux heures de « manifestation » encadrée par les forces de l’ordre, la foule a été dispersée. Auparavant, et après un dernier appel au boycott du « Journal Hebdomadaire», les meneurs ont appelé à une prière devant la porte de l’immeuble abritant « Le Journal Hebdomadaire ».

Un des meneurs chargé de récupérer banderoles et pancartes a crié à la foule : « Soyez prêts pour d’autres actions devant l’imprimerie et la société de distribution de ce journal ! »

En début d’après-midi, l’agence de presse étatique MAP a contacté de nombreux chefs de partis politiques, membres de la société civile, représentants du tissu associatif et d’ONG locales pour les faire réagir à « la publication par « Le Journal Hebdomadaire » des caricatures du prophète ».En revanche, contactés par nos soins, les représentants des grands mouvements dits islamistes affirmeront qu’ils n’ont rien à voir avec ces manifestations. Mieux l’un des dirigeants du PJD, premier parti islamiste représenté au Parlement nous déclarera qu’il y a eu « une tentative de manipulation de militants de son parti, des textos leurs furent envoyés leurs demandant de participer aux manifestations contre « Le Journal Hebdomadaire ».

Il s’agit donc clairement d'une grossière manipulation orchestrée par l'Etat et ses médias.

Il est évident que l'Etat -via les médias qu'il contrôle- cherche par tous les moyens à, (comme il tente de le faire depuis quelques semaines notamment via la revue de presse de 2M), détruire l'image de notre publication voire inciter à la haine et à la violence. Rappelons que ceci se passe à la veille du verdict qui sera rendu par la justice le 16/2/2006 dans l'affaire qui l'oppose à l'ESISC, un centre bruxellois qui a requis contre « Le Journal Hebdomadaire » pas moins de 5 millions de dirhams (450 000 euros !). « Le Journal Hebdomadaire » avait critiqué son « étude » sur les séparatistes du Polisario, étude peu crédible manifestement calquée sur les thèses officielles de la diplomatie marocaine.

LA REDACTION (du Journal Hebdomadaire)

mardi, février 14, 2006

Heart breaking news !

Hier, lundi, un groupe de personnes (majorité islamiste) a manifesté devant le parlement contre la publication de quelques publications marocaines, de dessins ou icones suggérant le prophète Mohammed. Manifestation couverte par les deux chaînes de télé. Au même moment, une autre manifestation se tenait, plus discrètement, devant Idéale, l'imprimeur de Telquel et du Journal pour les mêmes raisons.
Et aujourd'hui, mardi, une manifestation a bloqué le passage sur l'avenue des Far à Casablanca, en face du siège du Journal hebdomadaire. Selon quelques amis de la rédaction que j'ai pu avoir au téléphone, les slogans étaient violents, et comportaient même des appels au meurtre. Sans l'intervention des flics, les manifestants seraient même montés casser la rédaction.
Selon les responsables du journal, "2M, à travers un reportage partiel, a fait de l'appel à la violence la veille".
A l'origine, Le Journal a simplement publié la photo d'un bonhomme tenant entre ses mains un magazine comportant ces caricatures. Et encore, la photo a été rayé au feutre noir après impression sur tous les numéros du journal.
Où va-t-on les amis ? A qui le tour ?

DB.

jeudi, février 09, 2006

Pensées du matin

"Les égyptiens n'ont pas eu besoin du prophète pour se défouler, ils ont la CAN"
Inspiré par Citoyen marocain (merci ...)

"Le Maroc est un pays aimable et aimant habité par des gens qui ne s'aiment plus"
Dixit exclusif de Najib Rfaif (ne ratez pas sa chronique demain sur la Vie éco)

DB.

mardi, février 07, 2006

Breaking news

Telquel vient d'être condamné, il y a quelques heures, à payer une amende de 500.000 Dhs dans le cadre du procès qui l'oppose à Touria Bouabid. Après les 800.000 Dhs de Hlima Assali, la facture s'élève à 1.300.000 Dhs.

DB.

lundi, février 06, 2006

Nul n'est prophète ...

Les amis, je vous propose une colle ! Que pensez-vous de l'histoire des caricatures du prophète ? Moi, j'ai deux ou trois idées que je livre en vrac (je ne mâche pas encore !). Le journal danois n'a pas violé la loi de son pays en sortant ces caricatures. Problème, il a heurté la sensibilité de plusieurs millions de personnes dans la planète. Ce qui est compréhensible. Chaque société a ses tabous, ses hontes. Essayez de publier des caricatures drôles à deux sous sur les nazis ou les juifs en Europe, on verra combien de pays sur 25 crieront à la sacro sainteté de la liberté d'expression.
Problème, comme toujours, les arabes ont mal réagi. En voyant des manifestants brûler des ambassades danoises et norvégiennes à Damas, Beyrouth ou Gaza, je n'ai pas su quoi penser. Ce matin, sur LCI, un spécialiste de la question disait ceci : "certains régimes, en perte de vitesse, encouragent ces actes de vandalisme, du moins ils ne s'y opposent pas. Ils se positionnent ainsi en défenseurs du prophète". Le journal d'après, j'apprenais que Jacques Chirac était "solidaire du gouvernement danois".
A vous !

Rage

Bonjour les amis,
Disparition forcée à cause d'une rage de dents. Retour très bientôt, dès que je pourrai mordre à nouveau.
Prenez soin de vos race (ines) !
Belles journées.

DB.