mardi, mars 28, 2006

Le journal hebdo : for sale !

Le bruit courrait depuis plusieurs semaines. Le Journal hebdomadaire serait en vente. Depuis quelques jours, on connaît qui est intéressé de reprendre le titre. Bensaleh Junior (le groupe Holmarcom : Sidi Ali, Oulmes, etc.) et Hassan Alaoui (Economie et entreprises). Deux chiffres font déjà le tour des rédactions : 23 millions de Dhs proposé par Bensaleh, et 25 millions de dirhams reclamés par le trio Jamai, Ammar et Fadel Iraqi pour vendre Le journal et Assahifa. La transaction commerciale prend les allures d'un pacte politique. Les détracteurs du titre se frottent les mains et disent que 25 millions est le prix du silence. Les journalistes de la rédaction ont été les premiers surpris par la nouvelle. Ils n'ont pas digéré que la direction leur ait caché l'information et auraient été sur le point de mener une grève hier. Ils y ont finalement renoncé affirmant simplement qu'ils présenteraient tous leur démission le jour où la transaction sera effective. Ils estiment qu'à travers cette opération, c'est la ligne éditoriale du journal qui est mise en vente.

Finalement, tout le monde est dans son droit. Les actionnaires, tout comme les journalistes. Je ne me suis jamais fait d'illusion. Un journal est d'abord un produit, une rédaction est aussi une entreprise. Je ne suis pas choqué. Tout juste excité de voir comment toute cette histoire va se terminer.

DB.

mercredi, mars 22, 2006

Nanas gate

Certains d'entre vous en ont entendu parler, je me fais une joie de vous le confirmer : Hlima Assali a publiquement annoncé qu'elle refusait de recevoir les 800.000 Dhs de dommages et intérêts. Elle a déclaré cela à la MAP et l'info a déjà été reprise par plusieurs confrères. Pourquoi ? Assali dit "qu'aucune somme d'argent ne laverait son honneur". Tant mieux pour nos gueules.
Maintenant, il y a cette autre affaire qui oppose Assali à Aicha Benlqaid, une autre députée. Cette dernière accuse Assali ni plus ni moins de menace de mort ! Elle dit disposer d'un message vocal sur son téléphone où Assali menace de "l'enterrer vivante" et de "lui montrer de quel bois se chauffent les chlouh". Ce matin, je lis une interview de l'avocate de Assali et qu'est ce que je découvre : Assali disposerait elle aussi d'un document, audio visuel cette fois, où Belqaid couvre d'insulte le gouvernement, les parlementaires, l'Etat, etc. Elle le rendra public au moment qu'elle jugera opportun. Franchement les copains, elles sont pas marrantes nos députées ?

DB.

lundi, mars 20, 2006

Lundi matin ...

Les semaines seraient plus joyeuses si elles démarraient mardi et qu'elles se terminaient le dimanche à 16 heures, juste après le repas familial. Je dis n'importe quoi mais je suis encore "en vie". A vous !

DB.

lundi, mars 06, 2006

Elle s'appelle Hanane ...

Pour les besois de l'interview, elle a voulu s'appeler Hanane. C'est d'ailleurs son petit caprice à elle : sans cesse changer de prénom. Hanane, littéralement affection ... le choix est-il vraiment anodin ? Mystère. La rencontre a lieu dans un bar miteux de l'avenue Mohammed V à Casablanca, à l'étage. Il est à peine 19 heures mais les filles sont déjà là depuis 16 heures dans l'après-midi. Pour repartir avec 50 Dhs en poche, elles doivent encore rester là jusqu'au delà de 22h30.
En fond sonore, des airs de chaâbi et des poussés de rai aigues. Lumière très faible, un comptoir où quelques clients maladroits déversent systématiquement de la bière bon marché, qu'une barmaid qui est dans le domaine depuis 30 ans essuie avec le même torchon, sale et gluant. Acte 1.


N.B. Pour son édition du 8 mars, Telquel devient Tellequelle, et l'interrogatoire donne la parole à une femme ordinaire. L'année dernière, j'ai fait parler Meryem, ouvrière dans le textile. Cette année, l'interrogatoire reçoit Hanane ...

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Hanane
Prostituée
Tous les hommes ne sont pas des monstres

1980 : naissance à Fès
1997 : quitte sa famille pour travailler à Casablanca
2005 : naissance de sa fille


Smyet bak ?
Vous ne vous attendez quand même pas à ce que je vous réponde. Mettez ce que vous voulez.
Je passe sur les deux autres dans ce cas. Qui êtes-vous ?
Je suis mère d’une petite fille qui a huit mois maintenant. Je suis une femme que la vie a poussé à se vendre pour vivre loin de sa famille, 28 jours à peine après la naissance de sa fille. Ma famille vit loin d’ici et croient que je suis une nurse chez un parlementaire.
Ils savent pour votre fille ?
Les femmes de la famille le savent. Pas les hommes, ils me tueraient.
Cela arrive-t-il que vos clients vous traitent d’abord comme une femme ?
Cela peut arriver. Tous les hommes ne sont pas des monstres, vous savez. Pas plus tard qu’hier, un jeune commercial a passé toute la nuit à m’écouter parler de ma vie, et moi à écouter la sienne. Evidemment, il y a les brutes qui veulent transposer toutes leurs frustrations sur la première venue. Notre domaine n’a de secrets pour personne.
Comment ça se passe alors ?
Je ne ressens rien, sinon du mépris vis-à-vis de moi-même. Mais ça ne dure que quelques instants. A la limite, ce n’est même pas ça qui me dérange. C’est un commerce. Ce qui me fait mal, ce sont les insultes. Je me dis pourquoi est ce qu’un être humain, comme moi, se permet d’insulter mes parents et ma famille. De quel droit ? Il ne paye pas pour ça aussi. C’est pire que de la hogra, c’est du Ihtiqar (mépris).
Vous trouvez que la société est injuste avec vous ?
On ne connaît pas la société, on connaît les clients des bars où on travaille. Une grande majorité de ceux là veulent passer un bon moment, veulent peut être échapper à quelque chose. Ils se font leur film et nous sommes les actrices. Le lendemain ou l’heure d’après, on jour un autre rôle. Je crois que vous êtes trop injustes avec les hommes. Celles qui nous méprisent le plus sont les femmes. Il ne faut pas se tromper. Elles croient que c’est à cause de nous que leurs hommes sont dehors.
Vous avez déjà été amoureuse ?
Et comment ? Le premier et dernier amour de ma vie. C’est le père de ma fille. Nous nous sommes connus comme tout le monde, nous nous sommes fréquentés, je ne manquais de rien avec lui. Il m’a même payé une lourde hospitalisation. Puis quand il a appris ma grossesse, il m’a quitté. Depuis, je suis incapable d’aimer. Plusieurs hommes m’ont proposé leur amitié, ou même de me prendre entièrement en charge. J’ai refusé. J’ai aimé une fois, j’en paye le prix encore aujourd’hui. La vérité, c’est que j’ai la chance d’avoir autour de moi des gens qui ont pitié de moi. Tenez, un de mes anciens patrons par exemple. Il ne se passe pas une occasion sans qu’il ne se rappelle pas de moi. Sans aucune contre partie.
Pourquoi vous avez accepté de me parler aujourd’hui ?
Parce que les occasions d’être écoutée sont rares, parce que je n’apparais pas. Parce que je parle pour les autres. Généralement, c’est nous qui devons écouter et sourire, compatir. J’aimerai tellement que les gens qui lisent mon histoire me trouvent un emploi pour me tirer de là.
Et vous accepterez d’avoir un revenu trois fois moindre par exemple ?
Je sais que ce n’est pas évident de gagner 2000 Dhs alors que je peux avoir jusqu’à 7000 aujourd’hui. Mais on dit qu’on a la baraka de Dieu quand on est dans le halal.
C’est important de croire en Dieu pour vous ?
Et qui j’ai dans cette vie sinon ma famille et Dieu. Je sais que je fais quelque chose qui n’est pas bien mais je sais, j’espère que Dieu me pardonne parce lui au moins, il sait ce qu’on a au profond de nous-mêmes.
Vous avez un objectif dans la vie ?
L’idéal serait de trouver un Ould Lahlal (un mari) qui accepte ma fille et d’avoir une douce existence. Sinon, trouver un contrat de travail aux Emirats ou en Espagne. Parce que si je reste ici, je m’épuiserai, je n’aurai plus ni de santé ni de force.
Vous n’avez jamais pensé au Hrig ?
Non. Parce que je pense sans cesse à cet instant où on m’appellerait pour dire que ma mère est morte. Je veux alors être là.

DB.