samedi, décembre 31, 2005

2006

Désolé d'avoir déserté le poste pendant si longtemps. Pour ceux qui ne le savent pas encore parmi vous, Telquel a finalement été condamné à verser une amende de 800.000 Dhs à Hlima Assali (la parlementaire). Les deux mois de prison avec sursis pour Ahmed Benchemsi et Karim Boukhari ont été confirmés également.
Je m'en doutais mais ne je voulais pas le dire, ou y croire finalement. 2006 s'ouvrira avec 4 nouveaux procès contre la presse. Avec un Mohamed Bouzoubaâ qui dit "compter poursuivre quiconque qui chercherait à critiquer ou démoraliser les institutions" (excusez moi mais la phrase, insensée, est de lui), l'année promet d'être chaude.
Ce n'est pas pour contrarier notre socialiste garde des sots, mais moi, malgré tout, je garde le moral ;)

A l'année prochaine.
DB.

jeudi, décembre 22, 2005

Appel à résolutions

2006, c'est dans quelques jours. Sincèrement, je n'ai pas vu le temps passer. Vous non plus j'imagine. Puis confidence pour confidence, côté bonnes (ou originales) résolutions, je sèche. J'en appelle donc à votre imagination, votre folie, votre finesse, votre ironie pour m'inspirer (ou nous inspirer les uns les autres). Un conseil les amis, lâchez-vous et bonne année à tous ;-)

P.S. Les résolutions pour le pays ou pour l'épicier du coin comptent aussi.

DB.

lundi, décembre 19, 2005

Legalize it !

J'avais publié ce texte sur Telquel (N°192), après un reportage dans les champs de cannabis dans le rif. En juin dernier, l'Etat en avait brûlé 3600 hectares. Les petits agriculteurs n'avaient pas trop kiffé. Plusieurs mois après, ils attendent toujours un vague plan de reconversion goupillé entre Rabat et Bruxelles. Aujourd'hui, j'ai eu certains de mes contacts sur place au téléphone. "Rien n'a changé depuis", m'ont-ils dit.

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Les responsables de l'Agence du Nord caressent un doux rêve qu'ils ne cachent plus : "Maroc sans cannabis en 2015". Grosso modo, voici ce que cela veut dire : créer de nouvelles sources de revenu pour plus de 800.000 personnes dans une région historiquement rebelle, géographiquement éloignée, sans infrastructures, livrée à elle-même et qui vit du cannabis depuis plus de quatre générations.
Cela veut dire également tenir tête à des cartels de la drogue transnationaux, surarmés et habitués à se servir dans la région, souvent avec la bénédiction discrète de gros responsables et un petit coup de pouce physique de quelques militaires postés aux frontières.
Cela veut dire que l'état se prive des services des véritables initiateurs du développement de tout le nord de ce paisible royaume (les beznassa) et d'une manne financière qu'une industrie touristique amateur peine à égaler.
Mais cela veut surtout dire priver des millions de consommateurs européens d'une herbe qu'ils consomment désormais (après une longue lutte) en toute légalité. Ce serait tellement injuste. Détruire les champs du maillon le plus faible de la chaîne (les cultivateurs) n'a rien de courageux. C'est tout juste marocain. Face à tout cela, rêver de légalisation devient, pour le coup, plus réaliste.

DB.

vendredi, décembre 16, 2005

Feu

Depuis le temps qu'ils menaçaient de le faire, il fallait bien qu'ils passent à l'acte un de ces jours. Hier, quatre jeunes diplômés chômeurs ont tenté de s'immoler par le feu au beau milieu de la capitale. Résultat : un blessé grave admis en service de réanimation et trois visages défigurés par les flammes. Fallait-il vraiment en arriver jusque là ?
J'ai à plusieurs reprises rencontré les responsables des différentes associations de jeunes diplômés chômeurs. Sous des tentes de fortune, lors d'une "pause bastonnade" ou dans telle ou autre centrale syndicale où ils étaient "réfugiés". Je n'ai jamais pu me faire une opinion exacte sur cette question. Une fois, dans un campement improvisé derrière le siège de l'UMT à Rabat, j'ai passé une journée entière avec un groupe de chômeurs et de victimes de l'escroquerie Annajat. Ce que j'en retiens ? Que ces jeunes exigent d'être employés dans le secteur public, parce que "le privé, disent-ils, n'est pas certain. Que rien n'empêche un patron de licencier un employé". Ils ne veulent pas courrir le risque de l'incompténce. Je me rappelle que ce jour là, j'avais apperçu un jeune aux traits encore enfantins. Je n'avais pas tort, S. avait tout juste 21 ans. Il n'a jamais mis les pieds dans une université, c'est tout juste s'il avait le bac. Que faisait-il là alors ? Se considère-t-il aussi comme un diplômé chômeur ? Les yeux dans les yeux, il me répondit que oui. "Quand j'ai eu mon bac, me racontait-il après, j'ai refusé d'intégrer l'université parce qu'elle ne forme que des chômeurs". S. a donc fait un incroyable raccourci en intégrant directement la section locale de l'association des diplômés chômeurs dans sa petite ville. .
Ces deux exemples sont peut-être réducteurs. Peut être, mais de l'autre côté, j'ai rencontré des ex diplômés chômeurs absolument remarquables. Je passerai sur les anonymes propriétaires de snacks, d'hôtels, de téléboutiques, de cybers ou d'épiceries que j'ai croisé à Midelt, Khenifra, Beni Mellal, Errachidia, etc. Je m'attarderai sur deux cas. Rachid Nini a été diplômé chômeur. Le jour où il a décidé de se prendre en main, il a travaillé clandestinement dans les champs d'oranges à Alicante, en Espagne. Il a écrit son livre, il a livré des pizzas en Europe, a logé dans des cages d'escaliers. Il était pourtant diplômé en littérature et préparait un doctorat lui aussi. Son égo a même été flatté à plusieurs reprises quand "Al Alam" daignait publier ses poèmes. Et alors ? Il a tout repris à zéro, il a cru en lui. C'est aujourd'hui une star. Un phénomène de société. S'il avait attendu l'Etat .... Moins connue que Rachid, Zahra Idali. Après quelques années de chômage militant, elle a créé une association de développement dans le Haouz. Elle gère aujourd'hui des projets sur 45.000 Km². Et vous savez comment on l'appelle à Tahannaout où je l'ai connue ? "La Zoulikha Nasri du Haouz".
Cela m'attriste de voir des "jeunes" de 40 ans, se marrier, vivre et militer encore aux frais de leurs pauvres parents. J'ai peur de penser que certains de ces hommes et femmes cherchent une planque plutôt qu'un boulot. J'aimerai tant ne pas avoir raison, mais ...

DB.

jeudi, décembre 15, 2005

Principes

J'ai attendu assez longtemps avant de réagir à vos commentaires concernant le cas Ariri. Certes, beaucoup d'entre vous ont raison de trouver que "Yan3el din m'ha blad" est de la provocation, que "le dossier d'Al Ayam est truffé d'erreurs" ou que "la presse en fait trop". Cela prouve une chose : les lecteurs que vous êtes sont assez adultes et critiques pour distinguer le travail professionnel de la provocation gratuite et amateur. Et je vous rassure tout de suite, vous n'êtes pas une minorité. Comme vous, il existe des milliers de lecteurs qui passent des heures à commenter la presse qu'ils ont lu le week end sur les terasses des cafés, qui boycottent un titre parce qu'il ne mérite plus leur respect, etc. Comme vous, il existe donc un lectorat (très réduit certes) mais moins bête que ne croient certains. Un lectorat qui n'a pas besoin qu'on arbitre pour lui.
Je vous dis clairement ce qui me dérange dans l'affaire Ariri. Aujourd'hui, son imprimeur a peut être eu raison de refuser de l'imprimer parce que son accroche est "réellement" trop poussée. Il a eu gain de cause finalement. Qu'est ce qui l'empêchera (lui ou un autre) à l'avenir, de sévir à nouveau, pour moins que ça ? C'est une question de principe les amis. Il y a un code de la presse et une justice, peut-être liberticides. Mais en exerçant dans ce pays, nous acceptons de jouer leur jeu. Empêcher une personne d'imprimer son journal sur la base d'une appréciation personnelle, et donc, subjective est une atteinte à sa liberté. Tolérerez-vous, par exemple, qu'un imprimeur refuse d'imprimer un journal parce qu'il traite de pédophilie, parce qu'il dénonce une grosse affaire de corruption, etc. Qu'est ce qui l'en empêchera si le précédent existe, et qu'il a été toléré ?
Il ne sert à rien de dire qu'on est contre la peine de mort si on tolère qu'elle soit appliquée, exceptionnellement, aux islamistes du 16 mai. Pareil pour la torture, la détention arbitraire, les enlèvements, la censure, les libertés, etc. Il est des choses qui ne se négocient pas au cas par cas.
Et d'avance, merci de vos idées les amis.

DB.

lundi, décembre 12, 2005

Fin ghadi biya khouya

J'ai appris l'information samedi après-midi. Abderrahim Ariri, directeur de publication d'Al Bidaoui, n'a pas pu imprimer son journal cette semaine. Le directeur de l'imprimerie a refusé de le faire sous prétexte que la couverture du journal était insolente, et que cela risque de lui causer du tort.
La couverture en question comportait cette phrase : "Allah Yn3al dinm'ha blad", tirée d'un dossier que la rédaction consacre au patriotisme des marocains. Le directeur de l'imprimerie est le même qui a été convoqué par la police dans le cadre de l'affaire Al Ayam, il y a quelques semaines seulement. L'intimidation commence à donner ses fruits ...
Aux dernières nouvelles, Ariri comptait imprimer son journal à l'étranger. "Que l'Etat qui se cache derrière l'imprimeur interdise le journal aux frontières", m'a-t-il répondu au téléphone. C'est exactement ce que je lui aurai suggéré. Même si à cet instant, je ne sais que penser de tout ce qui arrive à la presse de mon pays (entre Al Ayam, Telquel et aujourd'hui Al Bidaoui). Je fredonne un air que mes aînés ont chanté au milieu des belles années 70, et qui reste horriblement d'actualité : Fin ghadi biya khouya ....

DB.

Sida

Le compteur explosait sous mes yeux. J'étais ravi. Ce soir là, j'étais à 2M, dans les coulisses du Sidaction. Au bout de cinq heures de direct, l'association de lutte contre le sida (ALCS) repartait avec 20 millions de dirhams, c'est énorme. La première édition du Sidaction en 1994 avait généré ... 450.000 Dhs.
Ce soir là, il y avait les témoignages des invités, évidemment. La première séropositive du royaume qui témoigne à visage découvert, une dame aussi admirable que Hakima Himmich qui insiste sur le mot "capote", qui parle ouvertement des putes et de leurs clients, etc.
Il y avait aussi Gad El Maleh. Le grand Gad que j'ai eu la chance de croiser dans les couloirs, plusieurs fois. Non seulement il a immédiatement répondu à l'appel de l'ALCS, mais il n'a pas arrêté durant toute la soirée. Quand iln'était pas sur le plateau, il était à la radio, en train d'enregistrer des messages de soutien, ou au centre d'appel. Car c'est bien lui qui a eu l'idée de répondre aux coups de fils.
Il y avait aussi Younes Mégri. Tout droit venu de Tanger. Il reprendra finalemet la route vers trois heures du matin. Je lui ai dit que ce n'était pas prudent. Avec sa mine d'adolescent, il m'a répondu qu'il le faisait le coeur léger.
Ce soir là, je n'ai pas trop parlé à Hakima Himmich. Ce n'est pas grave. J'ai souvent eu l'occasion de la croiser. Partout où il y avait un combat humaniste à mener. Ce soir là, plusieurs amis me disaient que "le Maroc sera différent demain", que ce qui se passait sous nos yeux était une petite révolution.
Samedi, en me réveillant, rien n'avait changé pourtant. Dans la phramacie du coin, il n y avait toujours pas de préservatifs sur le comptoir. Dans la grande surface où j'ai fait mes courses, le préservatif ne trouvait toujours pas de place dans le rayon du paramédical. Le soir, partout où j'ai été, je n'ai apperçu aucun distributeur de capotes. Ce qui avait changé en fait, c'est qu'on ait parlé du sida, toute une soirée. Et que cela ait donné à réfléchir à certains. Que les marocains aient promis de donner 20 millions de Dhs. C'est déjà beaucoup.

DB.

vendredi, décembre 09, 2005

Vendredi

Chaque vendredi, c'est le même dilemme. Partir à la mosquée rime-t-il encore à quelque chose ? Je suis pronfondément convaincu que oui (et ça n'engage que moi). J'ai toujours aimé cette spiritualité collective, cet esprit de groupe (et non de troupeau), cette belle sérénité propre aux lieux de culte. Tous les cultes. Pendant de longues années, j'ai aimé partit tôt à la mosquée. Profiter de ce silence, pour le coup, vraiment religieux. Et méditer, parce que ça fait du bien.
Aujourd'hui, je me pose des questions. C'est mon droit. Pourquoi est ce que je continuerai à aller écouter le prêche d'un imam qui appelle à la haine raciale, qui trouve "qu'une femme doit rester chez elle", "que la télé est un péché", "que s'adonner au commerce et faire de bonnes affaires durant le ramadan entache le jeûne du bon bon musulman", "que les festivals de musique (auxquels ils n'a jamais assisté) sont des prétextes à la décbauche", etc.
Toutes ces "sottises" et d'autres joyeusetés que je vous épargne, je les ai, à maintes reprises, écouté. Impuissant. Je ne pouvais pas, au risque d'être lynché dans la seconde qui suit, me lever, protester et remettre cet imam raciste ou sexiste à sa place. Evidemment, je pouvais changer de mosquée. Mais que faire si la plus proche se trouve à 40 mn de chez moi ? Et puis merde alors ! Pourquoi tolérer qu'un homme, parce qu'il est imam et dispose d'une tribune où il n'est pas contesté, propage une pensée rétrograde et contraire à des principes universels, parfaitement compatibles avec l'islam.
A cet instant même, j'entends l'appel à la prière. Je n'y vais pas finalement. Dommage qu'un ignare me prive d'un instant de spiritualité que je suis en droit d'exiger.

DB.

jeudi, décembre 08, 2005

La rage !

Vendredi dernier, j'ai été à un concert au complexe Zafzaf à Casablanca. Hoba Hoba Spirit (définitivement leaders de la scène Underground casablancaise) et Mazagan (un groupe à découvrir) s'y produisaient à leurs frais. Un concert gentil et familial, comme on aime. Mais le coeur n'y était pas vraiment.
Le père de A., batteur de Hoba Hoba, a récemment eu un accident de la circulation. "Heureusement", il a été hospitalisé en urgence dans une grande clinique à Marrakech. Au fil des jours, la facture a évidemment gonflé et le père de A. est devenu dans l'incapacité de tout payer. Ne voulant rien savoir, la clinique a tout bonnement décidé de le garder en ... otage. Cela dure depuis trois mois maitenant. Le vieux bonhomme passe ses jours dans une chambre d'hôpital ... qui lui est facturée malgré lui. L'addition s'allonge ...
Vendredi, A. et ses copains ont joué pour lui. Les 30.000 Dhs de la soirée iront couvrir une partie de la facture qui dépasse les 180.000 Dhs (elle était de 120.000 Dhs, il y a deux mois). D'autres concerts sont prévus. Plusieurs groupes de jeunes musiciens casablancais ont déjà accepté de jouer pour payer la facture.
Durant toute la soirée, je n'ai cessé de fixer A. derrière sa grosse batterie. Ce soir là, son tam tam, d'habitude joyeux, était tout juste bruyant. Je me mets à sa place. J'essaies de ressentir son impuissance face à l'absurde. La rage !
Une clinique a-t-elle le droit de retenir en otage un patient ? Normalement, ce ne devrait pas être le cas. La liberté est un droit constitutionnel. Seule une décision judiciaire peut en priver un citoyen, ou même un sujet. Je vous tiendrai au courant des développements et des actions prévues. Et d'avance, merci les amis.

DB.

Liberté

Hier, je suis sorti perplexe de chez Noureddine Miftah (collègue, directeur de publication de l'hebdomadaire Al Ayyam). Je lui ai rendu visite dans le nouveau local du journal. Très coquet du reste. Pour l'acquérir, il a du emprunter 1,5 Millions de Dhs qu'il doit rembourser sur 10 ans. "C'est en soi, me disait Noureddine, une preuve que nous croyons en ce pays et en sa réelle volonté d'ouverture". Aujourd'hui, Al Ayyam risque gros. Parce qu'ils ont publié un dossier sur le Harem royal, ils risquent d'être poursuivis pour une série de "gros mots creux" du genre "atteinte à l'institution monarchique", "manque de respect du au roi", etc. Exactement le genre de mots creux qui mettent fin à la plus belle des aventures journalistiques.
Face à tout cela, j'ai trouvé Miftah plutôt décontracté. Ou disons désabusé. Après deux convocations chez le procureur, il ne sait toujours pas s'il sera poursuivi. Pour le moment, il est simplement interdit de quitter le territoire. Jusqu'à quand ? Mystère. Si le parquet décide d'enterrer l'affaire (ce que je souhaite), cette interdiction peut trainer des années (les précédents existent). Notre système judiciaire a aussi cela de vicieux ...
Miftah dit qu'en période de transition, "les confrontations entre l'Etat et les médias sont normales, et qu'ils vont encore durer". Je trouve cela sage et rassurant. J'ai toujours pensé que la liberté s'arrache mais ne s'occtroie jamais. Que ce n'est jamais assez. Que le bien être social est un pack indissociable de libertés et de droits économiques et sociaux.
Au'aujourd'hui, de larges espaces de libertés ont été acquis, certains pensent qu'il faut faire profil bas pour les préserver. Je dis que tout est encore trop fragile. Un poète espagnol disait ceci : "préservons par la sagesse ce que nous avons acquis par l'enthousiasme". J'ai toujours aimé répondre que chez nous, nous avons encore besoin d'enthousiasme, que la sagesse viendra.

DB.

mercredi, décembre 07, 2005

Tazmamart

Selon le quotidien Assabah, "Mohammed VI aurait donné ses ordres pour que l'armée quitte le site de Tazmamart et que le cimetière du bagne soit ouvert aux familles".

J'ai été à Tazmamart, il y a moins de deux ans. Deux anciens bagnards et deux de leurs geoliers m'y accompagnaient. Tout au long du trajet, je me disais que "Tazmamart n'existait pas". J'avais cette étrange certitude qu'une fois aux portes de Rich (la ville la plus proche du bagne), mes compagnons m'avoueraient enfin que Tazmamart n'est qu'une légende.
Puis au détour d'un dernier virage, Tazmamart était là. En face de moi. Presque majestueuse, nichée au creu d'une montagne noire. C'est ici que Marzouki, Hachad, Ghelloul et les autres ont passé 18 ans de leur "vie". Ce sont donc ces murs qui ont tenu tête à la lumière pendant 18 longues années.

J'ai à peine sorti mon appareil photo, des militaires armés avaient déjà encerclé ma voiture. Nous avons ensuite été conduits au poste de Rich et accusés "d'espionnage d'une installation militaire". Sans suite, grâce à quelques coups de fils nocturnes.

Aujourd'hui, si l'information se précise, je pourrai revenir à Tazmamart. Mais aurai-je accès aux cellules ? A ces deux étroits couloirs de la mort ? Lirai-je des textes à la mémoire des disparus ? Rien n'est moins sur. Selon l'info d'Assabah, "le roi aurait également ordonné la destruction des cellules". Dommage. Je voyais déjà des files d'écoliers payer leur tickets pour accéder au bagne devenu lieu de mémoire public. Auchwitz a été un centre de concentration nazi. Les européens ne l'ont pas détruit pour autant.

Belles journées.
DB.

mardi, décembre 06, 2005

One million dollar h'baby ...

"Un Marocain de 32 ans a été placé en garde à vue après avoir tenté d'ouvrir un compte bancaire en présentant un billet ... d'un million de dollars". L'information n'aurait pas été fiable si elle n'avait pas été diffusée par ... la prestigieuse AFP. Finalement, le billet s'est avéré être un simple tract publicitaire représentant un chèque libellé en dollars. Son détenteur a expliqué qu'il voulait monter une entreprise avec un saoudien. Il risque jusqu'à 10 ans de prison pour "usage de faux".
De deux choses l'une. Soit le mec est vraiment débile, auquel cas il faudra le mettre ailleurs qu'à Oukacha. Soit c'est un authentique farceur qui croit au dicton qui dit "h'bel, terbeh". Dans les deux cas, je trouve que 10 ans est une peine qui manque affreusement d'humour.

Belles journées.
DB.

Blogmania

Bonjour les amis,

"La tentation y est, mais pas le courage". Voilà ce que je répondais hier à Monsef, un ami qui me demandait quand est ce que je lancerai enfin mon blog. Aujourd'hui, un brin de courage matinal m'y a enfin décidé. Pourquoi ? Parce que j'ai l'impression de connaître, chaque jour un peu plus, ce bled que je parcoure, régulièrement, en long et en large. Parce que les marocains sont un peuple de débrouillards attachants. Parce que mon métier (journaliste) me permet de faire des rencontres curieuses mais intéressantes. Parce que au fond de moi, il reste toujours un petit quelque chose. Trop futil pour mériter un espace sur le journal, trop subjectif pour être une information crédible et professionnelle.
C'est ce petit quelque chose (très subjectif et personnel du reste) que j'aimerai partager, de temps à autre, si vous le voulez bien.

Belles journées.
DB.